Association Régionale pour la Promotion de l'Art Contemporain
http://arpac.nomadi.fr/
Castelnau-Le-Lez
Ecrit sur ma pratique…
Sébastien Simon
Depuis ma première
exposition, la photographie est un outil.
Outil
d’extractions, de prélèvements du réel.
Une
photographie est une parcelle de l’environnement présent.
Dans
ma pratique, j’exagère et multiplie celle-ci, les points de vue, les prises de
vue,
C’est
un regard fragmenté des sujets que je photographie (corps, objets,
architecture).
Une
méthode pour observer précisément
mais aussi une vision d’ensemble.
Proche,
peut-être, de l’archéologie, méthode d’exploration par quadrillage d’une
surface, ici le quadrillage est le cadre du viseur. Chaque prise de vue,
enrichit mon parcours visuel, cette observation particulière du monde.
Ensuite,
dans mon travail, il est question de reconstitution, car fragmenter, extraire,
c’est aussi détruire.
Puis,
recomposer ce qui a été détruit "photographiquement" induit une
restitution particulière du sujet photographié.
La
prise de vue, c’est déjà créer un écart avec la réalité.
Vouloir reconstituer un
objet avec des images…c’est manipuler une espèce de squelette de réalité. Il
faut alors chercher les articulations, jouer avec les espaces entre les images,
avec ce que l’on ne voit pas, ce que l’on ne voit plus. Dans mes compositions,
j’utilise les "vides" comme des espaces pleins. Ce sont des
interstices à reconstituer mentalement, ils sont aussi la trace de fameux
prélèvements du réel.
L’autre paradoxe, c’est
aussi de vouloir faire de la sculpture avec de la photographie, à la source
médium en deux dimensions.
C’est
contradictoire, il faut jouer avec les perspectives, les points de vue, la
surface et les lignes, le premier et l’arrière plan. Il s’agit d’un va-et-vient répétitif entre le support photographique et
l’espace. Il faut que celui qui regarde soit impliqué physiquement en
lien avec le propre déplacement du photographe. Les modalités d’exposition de
mes images changent aussi, l’accrochage s’écarte parfois des murs.
Il
est aussi question de série, de répétition dans mes réalisations, Images
répétitives, proches visuellement, jouant avec de légères variations et
décalages. Comme un déroulement, image par image, courtes séquences qui rendent
visible un déplacement, une variation en quête de l’Image.
Exposition « Bruits blancs »
Arpac-Fondation du Pioch Pelat - Castelnau-le Lez - Septembre 2008
Première
exposition à Montpellier, renouveau…
Travailler sur le lieu
d’exposition, explorer, chercher et trouver : la piscine dans l’espace
extérieur du parc, les moulures du plafond de l’espace intérieur de la salle
d’exposition.
Deux
espaces, deux objets bien particuliers qui ont attiré mon attention à la
fondation du Pioch Pelat
La
piscine pour sa belle forme circulaire, et sa bordure en pierre.
Percée
dans la terre et ouverture vers le ciel qui capte lumière et couleurs. Son eau
bleue verdâtre en hiver puis bleue pur et profond en été qui attire le regard.
C’est un contenant.
Les moulures pour leur
blancheur, neutralité de l’espace d’exposition, pour leur tracé régulier qui
structure et rythme l’espace. Forme rectangulaire.
Elles donnent une
importance particulière à ce que
l’on oublie en étant présent dans
l’espace d’expo : on regarde les œuvres, pas le plafond.
Ses
reliefs accrochent la lumière, encadrent le plafond qui devient un tableau
vierge de toute création.
C’est
aussi un contenant mais inversé
Ainsi
naturellement, j’ai été amené à travailler sur
ces deux "objets", avec l’envie de travailler une forme simple et
minimale.
Interroger
les particularités formelles de ces deux espaces qui s’opposent, intérieur /
extérieur, blanc / couleur, carré / cercle, angles / courbes, haut / bas, ciel
/ terre, esprit / corps, public / intime.
Ainsi
j’ai parcouru chaque espace par des prises de vues, répétitives, processus de
décomposition des 2 objets.
Extractions
de fragments pour les moulures, visibilité des cimaises, tringles et câbles,
perception des irrégularités, des taches, des ombres. Pour la piscine,
visibilité des tuyaux de nettoyages, des dalles circulaires de bétons bleues,
perception des qualités de bleus mélange de l’eau, de la lumière et du
carrelage de la piscine avec l’échelle d’accès au bassin comme repère visuel.
Revenir
aux formes d’origine des plafonds et de la piscine, recomposer les formes
initiales, rectangulaires et circulaires.
Mais
en vain, la reconstitution reste difficile, les compositions offrent des formes
centrales qui se dérobent, presque rectangulaires, presque circulaires induite
par les fragments d’images.
C’est
une presque piscine c’est un presque plafond, mais ça devient un autre objet,
une autre image fragmentée.
Alors
vertige du regard et des repères, labyrinthes visuels, trouble dans les
montages, jonctions, décalages et torsions des espaces.
Sculptures,
bas-reliefs photographiques, devant / derrière, dessus / dessous.
Jeux entre réalité, photographie
et reconstitution.
Les
espaces blancs, vierges autour des montages sont traces des prélèvements et des
décalages avec la réalité. Ils bloquent les compositions...
Le
blanc définit un cadre qui n’est plus celui
défini par le viseur de l’appareil photographique. C’est l’espace trace, de la
décomposition et déplacement du réel et des images, instabilité du médium
photographique et de la réalité.
Rien
n’est défini.
Sébastien Simon Août
2008
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