Bruits Blancs 2009 ARPAC


Association Régionale pour la Promotion de l'Art Contemporain

http://arpac.nomadi.fr/

Castelnau-Le-Lez










Ecrit sur ma pratique…

Sébastien Simon


Depuis ma première exposition, la photographie est un outil.

Outil d’extractions, de prélèvements du réel.
Une photographie est une parcelle de l’environnement présent.
Dans ma pratique, j’exagère et multiplie celle-ci, les points de vue, les prises de vue,
C’est un regard fragmenté des sujets que je photographie (corps, objets, architecture).
Une méthode pour observer  précisément mais aussi une vision d’ensemble.
Proche, peut-être, de l’archéologie, méthode d’exploration par quadrillage d’une surface, ici le quadrillage est le cadre du viseur. Chaque prise de vue, enrichit mon parcours visuel, cette observation particulière du monde.

Ensuite, dans mon travail, il est question de reconstitution, car fragmenter, extraire, c’est aussi détruire.
Puis, recomposer ce qui a été détruit "photographiquement" induit une restitution particulière du sujet photographié.
La prise de vue, c’est déjà créer un écart avec la réalité.
Vouloir reconstituer un objet avec des images…c’est manipuler une espèce de squelette de réalité. Il faut alors chercher les articulations, jouer avec les espaces entre les images, avec ce que l’on ne voit pas, ce que l’on ne voit plus. Dans mes compositions, j’utilise les "vides" comme des espaces pleins. Ce sont des interstices à reconstituer mentalement, ils sont aussi la trace de fameux prélèvements du réel.

L’autre paradoxe, c’est aussi de vouloir faire de la sculpture avec de la photographie, à la source médium en deux dimensions.
C’est contradictoire, il faut jouer avec les perspectives, les points de vue, la surface et les lignes, le premier et l’arrière plan. Il s’agit d’un va-et-vient répétitif entre le support photographique et l’espace. Il faut que celui qui regarde soit impliqué physiquement en lien avec le propre déplacement du photographe. Les modalités d’exposition de mes images changent aussi, l’accrochage s’écarte parfois des murs.

Il est aussi question de série, de répétition dans mes réalisations, Images répétitives, proches visuellement, jouant avec de légères variations et décalages. Comme un déroulement, image par image, courtes séquences qui rendent visible un déplacement, une variation en quête de l’Image.




Exposition « Bruits blancs »

Arpac-Fondation du Pioch Pelat - Castelnau-le Lez - Septembre 2008


Première exposition à Montpellier, renouveau…

Travailler sur le lieu d’exposition, explorer, chercher et trouver : la piscine dans l’espace extérieur du parc, les moulures du plafond de l’espace intérieur de la salle d’exposition.

Deux espaces, deux objets bien particuliers qui ont attiré mon attention à la fondation du Pioch Pelat

La piscine pour sa belle forme circulaire, et sa bordure en pierre.
Percée dans la terre et ouverture vers le ciel qui capte lumière et couleurs. Son eau bleue verdâtre en hiver puis bleue pur et profond en été qui attire le regard. C’est un contenant.

Les moulures pour leur blancheur, neutralité de l’espace d’exposition, pour leur tracé régulier qui structure et rythme l’espace. Forme rectangulaire.
Elles donnent une importance particulière à  ce que l’on oublie  en étant présent dans l’espace d’expo : on regarde les œuvres, pas le plafond.
Ses reliefs accrochent la lumière, encadrent le plafond qui devient un tableau vierge de toute création.
C’est aussi un contenant mais inversé

Ainsi naturellement, j’ai été amené à travailler sur ces deux "objets", avec l’envie de travailler une forme simple et minimale.
Interroger les particularités formelles de ces deux espaces qui s’opposent, intérieur / extérieur, blanc / couleur, carré / cercle, angles / courbes, haut / bas, ciel / terre, esprit / corps, public / intime.

Ainsi j’ai parcouru chaque espace par des prises de vues, répétitives, processus de décomposition des 2 objets.
Extractions de fragments pour les moulures, visibilité des cimaises, tringles et câbles, perception des irrégularités, des taches, des ombres. Pour la piscine, visibilité des tuyaux de nettoyages, des dalles circulaires de bétons bleues, perception des qualités de bleus mélange de l’eau, de la lumière et du carrelage de la piscine avec l’échelle d’accès au bassin comme repère visuel.

Revenir aux formes d’origine des plafonds et de la piscine, recomposer les formes initiales, rectangulaires et circulaires.
Mais en vain, la reconstitution reste difficile, les compositions offrent des formes centrales qui se dérobent, presque rectangulaires, presque circulaires induite par les fragments d’images.
C’est une presque piscine c’est un presque plafond, mais ça devient un autre objet, une autre image fragmentée.

Alors vertige du regard et des repères, labyrinthes visuels, trouble dans les montages,  jonctions,  décalages et torsions des espaces.
Sculptures, bas-reliefs photographiques, devant / derrière, dessus / dessous.
Jeux entre réalité, photographie et reconstitution.
Les espaces blancs, vierges autour des montages sont traces des prélèvements et des décalages avec la réalité. Ils bloquent les compositions...
Le blanc définit un cadre qui n’est plus celui défini par le viseur de l’appareil photographique. C’est l’espace trace, de la décomposition et déplacement du réel et des images, instabilité du médium photographique et de la réalité.
Rien n’est défini.


Sébastien Simon   Août 2008

















































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire